C’est un aéroport blotti dans la verdure où viennent s’abreuver d’illustres vétérans. Assis à la buvette, ils resserrent les rangs avant de décoller pour l’ultime aventure. Avec l’urbanité d’un vieil adolescent, affalé sur le zinc, un as fourbu s’enivre et tient à la barmaid un discours indécent. Au sol cet albatros manque de savoir-vivre. La serveuse est en mains. Son gentil protecteur un ancien commando, frêle comme un tracteur, soigne sur le tarmac un planeur en...
Ô rage, ô désespoir, j’ai brisé la lunette en joli bois vernis qui coiffait mon vécé. J’aurais du la choisir en plastoc. C’est trop bête. Mais louons le Seigneur : je ne suis pas blessé. Courons vite à l’hyper, au rayon des toilettes, afin d’y acquérir de quoi la remplacer. La blanche avec des lys me semble très coquette et, comble de vertus, c’est la meilleur marché. De retour au logis je retrousse mes manches : prosterné, bras tendu, des douleurs plein les hanches,...
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage prennent à l’apéro, des cornichons de mers. Ceux-là même qu’on dit cornichons de voyage. Légèrement sucrés, subtilement amers. Pour les qualifier, les épithètes pleuvent. Ils feraient phosphorer le plus sot bourrichon. Ils tiennent bien au corps et l’on dit qu’ils émeuvent le plus inébranlable à la vue d’un nichon. Le poète est semblable à ce gentil concombre. Il s’applique à mener son œuvre sans encombre, quand bien...
Salut à vous, locomotive, qui vrombissiez comme dragon devant la vache admirative, en trimballant vos chers wagons. Avantageuse et futuriste, amoureuse de l’horizon, vous inspirâtes les artistes, de Pont-Aven à Barbizon. Par les pâtis et par les vignes, bien sur vos rails, bien dans la ligne, vous traciez droit votre chemin. Enjambant fleuves et rivières, votre enthousiasme ferroviaire faisait chanter les lendemains.
Je voulais dans ces vers vous parler de l’orage, des nuages de plomb, prédateurs de soleils, du rugissant éclair qui, soudain, les ravage, ouvrant un camaïeu de soufre et de vermeil. Mais mon cerveau s’est mis en vacance d’idées. Après avoir subi d’innombrables râteaux dans la glauque torpeur des tempes inondées, je suis d’humeur aussi folâtre qu’un tombeau. Que peut-il donc ouvrer, le rimailleur sans rêve, le poète fourbu dont la Muse est en grève, sinon ce mirliton sans...
Foin de la tempérance et refoin du mal-être ! Un fameux gensdelettre — un dénommé Jacky — conçut la différance en sifflant un whisky au Pub de ce vieux Dick — en cet alcool, un maître — un soir de corrida, loin de Kremlin-Bicêtre, devant un Glenfiddich extrêment exquis. Puis il se dérida, décidément conquis. Foin de la tempérance ! Un fameux gensdelettre conçut la différance au Pub de ce vieux Dick un soir de corrida devant un Glenfiddich et il se dérida. Foin de la...
A la pointe de l'aube, une locomotive, fauve et roborative, éveille tous les coqs, les merles du roncier, la vache admirative et le petit poulain qui folâtre au paddock. Un cheminot de jour, doucettement s’active. Un cheminot de nuit s’offre un ultime bock. Guêpes et paons du jour sont les starting block À l’orient Vénus, élégamment s’esquive. Cependant, olympien sur son coin de ballast, un garenne égaré savoure son breakfast. Et, lorsqu’il a fini de brouter l’épervière,...
O de l’oxymoron morose et rigolo, O de la dactylo qui fait bisquer les anges, O, suprême clairon plein des strideurs étranges, qui façonne l’aurore et ronronne en solo, qui sied au gorge-bleue et plait à l’écolo lettre monocolore et souffrant du mélange, O, voyelle si bleue, tu l’es comme l’orange. O de l’oxymoron, O de la dactylo, O, suprême clairon, qui façonne l’aurore. Qui sied au gorge-bleue, lettre monocolore, O, voyelle si bleue, O de l’oxymoron. O, suprême...
— Servez-nous du Perrier, requit Fanfan Malherbe afin de dessoiffer. Au soleil nous avons batifolé dans l’herbe et sommes décoiffés. Et, sans vous commander, avec une rondelle du plus jaune citron. Depuis mes dix-sept ans j’y suis resté fidèle. N’en déplaise aux pochtrons Ce fruit a des saveurs à nulle autre pareilles qui litteralement rougissent les oreilles, de la chère Rosa. Elle a bien plus vécu que des milliers de roses. Nous nous sommes connus près du massif de roses...
Près d’un millier de thons s’emboîtent de conserve, au large d’Agadir, au sein du même banc. Épisodiquement, l’un du millier s’énerve et s’en va vivre seul, fiérot comme Artaban. Sans doute ignore-t-il que du ciel bleu l’observe, un vorace escadron fort d'un cent de forbans. Lors, sur l’aventureux, ils piquent de conserve. En moins d’une seconde, il s’en va succombant. Pas si fous, ces Bassan, au crâne jaune paille, qui survolant les bancs, au large font ripaille et,...

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