« Grâce à toi Philaminte
nous avons pu coffrer ce type un peu taré.
Ce grand admirateur de la rousse défunte
ne pouvait supporter qu’elle aimât un curé.
– Et pour Adélaïde ?
– Elle avait tout pigé.
Mais oublions, veux-tu, ces tristes homicides,
allons plutôt muser en coquin négligé. »
Cependant qu'à Lampaul on se suçait la pêche,
dans un troquet de Brest, on se prenait le chou :
« Sagace Kerdoncuff, tout à fait entre nous,
ce brave adjudant-chef est tout sauf une flèche.
Je ne me souviens pas avoir vu l'inculpé
briffer dans le restau. Me serais-je trompé ? »
« J'irais bien au Sporting boire une limonade.
Afin d'interviewer cet excellent Marcel.
Il doit cacher derrière un look de plantigrade
et sous son crâne chauve un sacré potentiel. »
Moins d'une heure plus tard le fringant Capitaine
était en conférence avec le bistroquet :
« J'ai vu que vous aviez coffré l’énergumène
qui se la joue caïd et deale sur le quai.
- Avait-il des raisons d'en vouloir à Fernande ?
- Il me semblait plutôt de mèche avec la grande.
- Elle dealait aussi ? - Non, mais elle consommait.
- Il aurait supprimé une de ses pratiques ?
J'avoue que sur ce point je suis un peu sceptique.
Consommait-il aussi, notre brave curé ?
— Fernande ou la coco ? Les deux mon Capitaine. »
On libéra le gus après quarante-huit heures,
faute d'avoir prouvé qu'il était l'assassin.
Affligé simplement d'une mise en demeure,
il reprit aussitôt son emploi clandestin.
« Grâce à votre chérie, on passe pour des branques !
pesta l'adjudant-chef en tarabustant Floc'h.
J'imagine glousser ces poulets à la manque,
Bellec et Kerdoncuff, alias les deux Duschnock.
- Grace à eux nous savons désormais que la cure
abritait les amours de Fernande et du clerc,
et que, pour pimenter leur commune luxure,
ils sniffaient de la snow, douce comme l'enfer.
- Même s'il apparaît un poil illégitime,
en quoi ce badinage explique-t-il les crimes ? »