Petits meurtres 9

 

« Grâce à toi Philaminte

nous avons pu coffrer ce type un peu taré.

Ce grand admirateur de la rousse défunte

ne pouvait supporter qu’elle aimât un curé.

 

– Et pour Adélaïde ?

– Elle avait tout pigé.

Mais oublions, veux-tu, ces tristes homicides,

allons plutôt muser en coquin négligé. »

 

Cependant qu'à Lampaul on se suçait la pêche,

dans un troquet de Brest, on se prenait le chou :

« Sagace Kerdoncuff, tout à fait entre nous,

ce brave adjudant-chef est tout sauf une flèche.

 

Je ne me souviens pas avoir vu l'inculpé

briffer dans le restau. Me serais-je trompé ? »

 

« J'irais bien au Sporting boire une limonade.

Afin d'interviewer cet excellent Marcel.

Il doit cacher derrière un look de plantigrade

et sous son crâne chauve un sacré potentiel. »

 

Moins d'une heure plus tard le fringant Capitaine

était en conférence avec le bistroquet :

 

« J'ai vu que vous aviez coffré l’énergumène

qui se la joue caïd et deale sur le quai.

- Avait-il des raisons d'en vouloir à Fernande ?

- Il me semblait plutôt de mèche avec la grande.

- Elle dealait aussi ? - Non, mais elle consommait.

- Il aurait supprimé une de ses pratiques ?

J'avoue que sur ce point je suis un peu sceptique.

Consommait-il aussi, notre brave curé ? 

— Fernande ou la coco ?  Les deux mon Capitaine. »

 

On libéra le gus après quarante-huit heures,

faute d'avoir prouvé qu'il était l'assassin.

Affligé simplement d'une mise en demeure,

il reprit aussitôt son emploi clandestin.

 

« Grâce à votre chérie, on passe pour des branques !

pesta l'adjudant-chef en tarabustant Floc'h.

J'imagine glousser ces poulets à la manque,

Bellec et Kerdoncuff, alias les deux Duschnock.

 

- Grace à eux nous savons désormais que la cure

abritait les amours de Fernande et du clerc,

et que, pour pimenter leur commune luxure,

ils sniffaient de la snow, douce comme l'enfer.

 

- Même s'il apparaît un poil illégitime,

en quoi ce badinage explique-t-il les crimes ? »