Petits meurtres 8

« Alors, gendarme Floc'h, comment va notre enquête ?

– Elle avance… et je crois savoir, mon adjudant,

que ces pauvres poulets rament dans la blanquette.

– Dommage. Ils se montraient pourtant si transcendants.

 

– Surtout ce Kerdoncuff, burlesque matamore.

Où vont-ils dénicher de pareils spadassins ?

– Laissons-les s’embourber et moquer les pandores.

Foncez, gendarme Floc'h, et trouvez l’assassin !

 

– Je rencontre souvent l’institutrice adjointe.

Elle a nom Philaminte.

Elle joue du calame et de la flûte à bec.

 

– Bravo, mais quel rapport avec les homicides ?

– Elle connaissait bien la douce Adélaïde

qui vient de succomber sous le nez de Bellec. »

 

On avait oublié l’ardente Philaminte

qui s’indignait qu’un beauf chahutât Mac Orlan.

Elle aimait les mots bleus de Floc'h et son étreinte,

le soir en bord de mer au chant des goélands.

 

« Tu me disais, Chaton, que la pauvre serveuse

s’était amourachée d’un triste individu…

– Il lui fallait très peu pour tomber amoureuse,

elle craquait souvent pour des types tordus.

 

– Lorsqu’on l'a retrouvée occise sur la plage,

était-il au restau, ce vilain personnage ?

– Je ne sais. Mais je puis faire un portrait robot :

 

Blafard, le cheveu ras, une pierre à l’oreille,

un regard un peu fou, le bidon qui grasseye,

il deale ici et là et se la joue barbeau. »

 

« Bravo gendarme Floc'h. Enfin quelques biscuits.

Entre deux roucoulades,

vous avez le talent d’enquêter au déduit.

Diffusons ce portrait dans toutes les brigades !

 

– Prévient-on les poulets ?

– Laissez-moi le plaisir de le faire en personne. »

Moins d’une heure plus tard, l’adjudant-chef rayonne :

« On a logé le type à côté du Conquet ! 

 

Il est passé au bourg chercher des cigarettes,

depuis il doit glander dans une maisonnette

au lieu-dit Keralec. »

 

En un tiers de tercet, le gus est en cabane.

On ne tient plus le chef tant il a la banane.

« Appelez-moi Bellec ! »