Petits meurtres 7

Après s'être farci leur douzaine de creuses,

les flics ont attaqué la lotte au fenugrec.

Kerdoncuff, au taquet, dragouille la serveuse,

mais la coquette enfant n’a d’yeux que pour Bellec.

 

« Vous avez un ticket, semble-t-il, Capitaine,

balance le jaloux, mi-figue mi-raisin.

– Je prendrais bien la mer sur sa jolie carène,

mais nous sommes ici pour traquer l’assassin. »

 

( L’un n’empêche pas l’autre,

mais Bellec ne se vautre

qu’après avoir enfin terminé sa mission. )

 

Au moment du café la belle subreptice :

« Pourrai-je vous causer à l’issue du service,

j’ai sur les deux forfaits quelques informations. »

 

Quelle mouche a piqué l’imprudente gamine ?

Dans tout polar sérieux les témoins sont occis.

Nous savons les lecteurs friands d’hémoglobine :

les poulets ne sont pas au bout de leurs soucis !

 

Les goélands épris de la moindre carcasse

se pressent sur la grève au sable presque blanc.

Sur les œillets marins au pied de la terrasse, 

la belle git, livide, étendue sur le flanc.

 

« De ces meurtres, j’en ai plus que ras la casquette !

Quelqu’un voudrait troubler le cours de notre enquête,

qu’il ne pourrait, je pense, agir différemment.

 

– Mon brave Kerdoncuff, secouez vos neurones :

le salaud qui nous a trucidé la mignonne

déjeunait forcément dans notre restaurant. »

 

« Trois meurtres à Lampaul ? Ça sent le génocide !

– On n’avait pas vu ça depuis quatre vingt-neuf.

– Une pute, un curé, la pauvre Adélaïde,

– Et face à ces forfaits : l’impuissance des keufs ! »

 

La peur s’est invitée au petit port de pêche

et les bistros sont pleins de limiers amateurs.

Le patron du Sporting tient une sacrée pêche :

il vient de recruter deux collaborateurs.

 

Au restaurant du crime,

Bellec et son adjoint, le flair en surrégime

ont cuisiné clients, maître-queux et serveurs,

mais n’ont trouvé personne à mettre en garde à vue.

 

« Sur ce coup, Kerdoncuff, on est de la revue.

Mais je l'aurai un jour, je l'aurai... le tueur ! »