La première fois

« C’est mon plus bel esquif, avait dit la vendeuse,

il est sûr, il est vif, rapide et manoeuvrant. »

Je n’ai pu résister à sa verve enjôleuse 

et je me suis offert ce joyau de l'estran.

 

Sans tarder, sous les pins d’une plage discrète,

je glisse mon esquif dans quelques pouces d’eau.

Sobrement ceinturé d’une affreuse jupette,

j’essaie de m’insérer dans un étroit goulot.

 

Je m’y prends à trois fois pour loger mes guiboles

et découvre bientôt, nonobstant la pétole,

que mon kayak n'est pas un quelconque youyou.

 

Alors que nous voguions sur une onde limpide,

malgré mon intellect et mon muscle intrépide,

le drôle m’a conduit tout droit sur les cailloux.