« Ce crâne serait-il l’ossement qui nous manque ?
— Rien n’est sûr, mais on peut décemment y penser :
mon vieil ami Bellec, qui est tout sauf un branque,
y a trouvé la balle qui l’avait percé.
— L’affaire prend d’un coup des allures de drame.
Je vais téléphoner de suite au Télégramme
Nul doute qu’un article y paraisse lundi.
Tiens ! Je me sens soudain l’humeur aventureuse
et pour tout avouer j’en suis presque ébaudi.
Pour fêtre ça Milo, fais péter la roteuse ! »
Après s’est empiffré d’un festin d’araignées
cueillies dans les récifs par son ami Fernand,
Bellec flanque icelui pour un trip en plongée
avant d’appareiller, cap sur le continent.
Comme chacun s’en doute, il emporte le crâne
afin de le confier aux bons soins des perdreaux.
A la tombée du jour, la brise diaphane
fait chanter doucement les voiles du héros.
Un flâneur restera longtemps au bout du môle
contempler le voilier qui, gracieux, caracole
sur le petit clapot levé par le Nordet.
Il a la mine pâle et l’air mélancolique
qui siéent si galamment aux rêveurs romantiques,
disciples de Byron ou d’Alfred de Musset.