Squelette 8

 

« Ce crâne serait-il l’ossement qui nous manque ?

— Rien n’est sûr, mais on peut décemment y penser :

mon vieil ami Bellec, qui est tout sauf un branque,

y a trouvé la balle qui l’avait percé.

 

— L’affaire prend d’un coup des allures de drame.

Je vais téléphoner de suite au Télégramme

Nul doute qu’un article y paraisse lundi.

 

Tiens ! Je me sens soudain l’humeur aventureuse

et pour tout avouer j’en suis presque ébaudi.

Pour fêtre ça Milo, fais péter la roteuse ! »

 

Après s’est empiffré d’un festin d’araignées

cueillies dans les récifs par son ami Fernand,

Bellec flanque icelui pour un trip en plongée

avant d’appareiller, cap sur le continent.

 

 

Comme chacun s’en doute, il emporte le crâne

afin de le confier aux bons soins des perdreaux.

A la tombée du jour, la brise diaphane

fait chanter doucement les voiles du héros.

 

Un flâneur restera longtemps au bout du môle

contempler le voilier qui, gracieux, caracole

sur le petit clapot levé par le Nordet.

 

Il a la mine pâle et l’air mélancolique

qui siéent si galamment aux rêveurs romantiques,

disciples de Byron ou d’Alfred de Musset.