La poubelle

Comme je descendais la poubelle, impassible,
je fus pris à partie par deux ou trois râleurs.
Ces beaufs-jamais-contents, en me prenant pour cible,
pensaient m'en faire voir de toutes les couleurs.

Un poil exaspéré par leur morne équipage,
je les gratifiais d'une injure en anglais.
Ils cessèrent surpris leur débile tapage,
me laissant procéder ainsi que je voulais.


J’avoue que ma poubelle empestait la marée,
le chou fleur obsolète et la merde d'enfant.
Une motocyclette, aussitôt démarrée,
emporta son pilote assez peu triomphant.

De retour au logis j'écrivis ce délire

sur mon ordinateur jusqu'au tomber du jour.
J'avais au préalable  appareillé ma lyre,
plus friande il est vrai de poèmes d'amour.

Quand le soir, épuisé par la page électrique,
je vis soudain surgir des hippocampes noirs,
je sentis sur mon chef comme des coups de trique
et sortis boire un coup, coiffé d'un entonnoir.

 

Je tiens à m'excuser pour ce fichtre poème
auprès de ce Voyant au regard lactescent,
qui, de troquets en bars, traîne sa mine blême,
fourbu par les alcools qu'impavide il descend.