L'ornitholynx

 

C'est la fin de l'hiver, il pleut sur les jonquilles, 

les joyeux pissenlits et les asparagus. 

Trempé comme un canard, droit dans ses espadrilles,
un vieil ornitholynx attend son autobus.

« Quimper-San Francisco ? La ligne est obsolète. 

N'attendez pas en vain, nu sur le macadam, 

les vautours lorgneraient bientôt votre squelette, 

prenez plutôt l'avion, lui conseille un quidam. 

 

– J'y ai déjà pensé. Mais le chef de cabine, 

un beauf mal embouché cocottant la bibine, 

ne voulait surtout pas d'ornitholynx à bord.

 

– L'homme vous aura pris pour un ornithorynque.

La bourde est récurrente, hélas, dans les transports. 

Quand le personnel boit, c'est l'usager qui trinque. »