Nous étions en Septembre

Autant qu’il m’en souvient, nous étions en septembre.

Un tesson sur la route avait crevé la chambre

à air de mon vélocipède le matin.

Faute de pédaler, je vaquais au jardin.

 

La télé du voisin, qui si souvent me tue, 

avait trouvé la paix salubre des statues.

Seul trillait un oiseau, un accenteur, je crois.

Malgré le ciel couvert, il ne faisait pas froid.

 

Un bourdon folâtrait dans les avoines folles.

Je le pris en image avant qu’il ne s’envole.

Un escagot pensif bavassait en chemin.

C’était un de ces jours à remettre à demain,

à savourer le temps, minute après minute,

comme dans le lointain le doux chant d’une flûte,

alors qu’aux alentours tout est silencieux,

et qu’on se prend à croire à la bonté des Cieux.

 

En cet instant précis, c’est le monde qui flambe,

une foule qui hurle et fuit à toutes jambes.

La foi de quelques fous vient de transfigurer

ce siècle visionnaire où nous venions d’entrer.