Sonnet printannier

Reviens un peu sur terre, ô toi qui poétise, 

et vois ce que les pluies ont fait de ton gazon.

Abreuvée par l’hiver, ta pelouse insoumise 

a crû sans encourir la moindre fauchaison.

 

Depuis de trop longs mois, oubliée au garage, 

ta tondeuse se rouille et souffre de langueur.

Offre-lui sans délai ce joyeux pâturage. 

Sors de sa léthargie son vaillant propulseur !

 

D'un geste résolu, tire sur la ficelle !

Dans le coeur du moteur jaillira l'étincelle.

La soupape émettra son tout premier hoquet.

 

Insiste encore un poil et porte l'estocade !

La machine embrasée hurlera son aubade, 

 déclenchant illico les abois du roquet.