Mon poisson rouge

Où s'est barré mon poisson rouge

qui glandait sur le guéridon ?

Dans son bocal plus rien ne bouge.

Lui qu'était vif comme un gardon !

Aurait-il pris de vraies vacances

dans la piscin’ d’un vrai Club Med ?

Ou tel un écolo tendance,

dans un p’tit ruisseau d’un p’tit bled ?

 

Je cours à la gendarmerie,

signaler sa disparition,

la gendarmette est attendrie

et s’intéresse à la question :

« Et s'il vivait une amourette

comm' dans la chanson de Gréco ?

S'il muguettait une fauvette

une hirondelle ou un moineau. »

  

Mais l'adjudant n'est pas poète

et comme ici c'est lui l’patron,

il désavoue la gendarmette,

en se marrant comme un pochtron.

« Allez à la poissonnerie,

il n'y manque pas de poissons.

Ici, c’est la gendarmerie.

Faut pas nous prendre pour des cons. »

 

Un brigadier sympa s'informe :

« Votre voisine a-t-elle un chat ? 

— En effet, un greffier énorme

et qui se prend pour un pacha.

— Nous tenons la clef du mystère.

J'en suis navré mon bon monsieur,

votre poisson n'est plus sur terre,

son âme est montée dans les cieux. »

  

J’ai essuyé la larmichette

en souvenir de mon cyprin

et j'ai pécho la gendarmette

enamourée par mon chagrin.