Le clos du Roy

J’ai bricolé pour toi ce slam, 

toi la patronn’ du « Macadam », 

qui vient d'ouvrir un restau chic 

pour les ceuss’ qui sont pétés d’ fric. 

J’y allais très souvent briffer, 

dans ton boui-boui quand le plombier, 

la midinette et l'apprenti 

venaient s’y farcir ton frichti.

C'est pas l' mêm' genre au « Clos du Roy », 

c'est du client de premier choix : 

ya d’l’a rock-star, du pédégé, 

du politique et d'l'agrégé.

 

On l’sait, que pour avoir le fric 

t’as fait un casse en banlieue chic. 

Pas sûr que tu l'emportes au ciel, 

chez l'Père éternel.

 

Quand j'ai la dall' je vais parfois, 

lir' les menus du « Clos du Roy ». 

Ça change avec le « Macadam », 

ses zambourgueurs, ses croqu’madam’. 

Bonjour le homard Thermidor

et le foie gras du Périgord.

Bonjour la langouste en bell'vue 

et le caviar pour m'as-tu vu.

J'connais pas le goût du homard, 

ni d'la langoust', ni du caviar. 

C'est beaucoup trop chéro pour nous, 

les honnêt' gens qu'ont pas le sou.

 

N'empêch' que tu nous a bluffés, 

avec ton cass' plus que parfait.

Du fait qu’on était bon voisins 

on n'a rien dit aux argousins.

Mais avec la jolie Margot, 

l'oncle Gaston, cet ostrogoth, 

ce voyou de tonton Nestor 

et la Fernande on est d’accord.

 On s'est dit qu'on irait becter  

dans ton restau pour sommités. 
On va s'pointer chez les nababs, 

pour nous changer du chich'kébab.

 

Et j'espèr' bien qu'on paiera pas, 

que t'es resté l’hotess' sympa, 

qui s'pointera mémère au ciel, 

chez l'Père éternel.